- Author:
- Bock, Carl
- Publication Info:
-
Ithaca, NY:
Cornell University Library,
1890,
pg 360
Text on page 360
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LE TOUR
DU MONDE.
litres, les maisons sont exhaussees sur pilotis de trois a j quatre pieds de haut. II y a peu de routes, les communications se font generalement par eau.
Les quartiers de la ville qui ma interessaient le plus etaient les kampongs indigenes. Le matin surtout les rivieres offraient un spectacle tres anime. Des centaines de petites barques (tembangan), chargees de toutes sortes de legumes, de fruits et de fleurs, se croisent, vont et viennent en tous sens. Elles ont la proue et la poupe tres pointues et tres elevees et un toit au milieu, qui ahrite une femme coiffee da un grand chapeau de feuilles de palmiers, que portent aussi les femmes dayaks et qui couvre entierement la partie superieure du visage.
Me promenant dans ma barque au milieu de tous ces tembangans, qui formaient en quelque sorte un marche flottant, je jouissais des parfums des fleurs
qua achfctent les Malaises et les Ghinoisespour sa en parer les cheveux. De temps en temps ces parfums etaient remplaces par une odeur detestable provenant da une barque chargee de dourians ou de poissons secs.
Le long des rives sont amarres de nombreux sam-pang, de grandes embarcations couvertes, construites en bois de fer par les habitants de Bandjirmasin, et qui servent surtout pour les voyages au loin. Beaucoup de ces sampangs etaient charges de poteries ou de noix de coco, de pisangs et de canne a sucre, pro-duits qui arrivent ici en masses da Amountai, la Eden des cultivateurs.
Vers midi la animation cesse et les marchandes con-duisent leurs barques chez elles.
Je visitai plusieurs fois le kampong chinois, situe sur la rive droite du fleuve, juste en face du quartier europeen. Le lieutenant chinois Li-Boun-Kim me re^ut
Quartier chinois a Bandjirmasin. a Dessin de G. Vuillier, da apres une photographie.
tres cordialementetme rendit plusieurs services. II ha-bite une belle maison installee a la europeenne et tres confortable.
Son the etait excellent : ja en acceptai une tasse a chacune de mes visites. Gomme les fonctions honori-fiques de chef du kampong chinois sont toujours confiees aux personnes les plus influentes, Li-Boun-Kim est un desprincipaux negociants de Bandjirmasin. II possfcde plusieurs grands navires, au moyen desquels
il trafique avec Singapour, Bali et Java; il est aussi entrepreneur des fournitures militaires, tant de la capitale que des diverses stations de la interieur. Ca est un homme tr5s poli, tr6s bon et repute pour son honnetete, sa probite et ses capacites commerciales. Le quartier chinois est compose presque exclusivement de boutiques ou de preteurs sur gages. Le proprietaire est ordinairement assis sur le seuil de la porte ou sous la veranda avec une longue pipe da opium a labouche, tres
correctement vetu da une kcibaye blanche a boutons da or ou da argent, et da un large pantalon de coton noir. le tout complete par la eternelle queue.
Les preteurs sur gages avancent de la argent au taux de 24 pour 100 da interet par an, et il faut que la garantie soit bonne. Ils ont tous la air bien portant et prospfcre.
Dans les boutiques chinoises, tout est a bien meilleur marche qua au quartier europeen : le principe des Ghinois est de gagner peu, mais de vendre beaucoup. Le mar-chand chinois est toujours poli. Ja entrais souvent pour examiner les marchandises sans rien acheter, ce qui na empechait jamais le marchand de ma offrir un sifcge, un cigare et une tasse de the ou un verre de biere. Les Ghinois exercent ici egalement les metiers de jardi-niers, charpentiers, tailleurs, bottiers, bijoutiers, etc. Le soir ils se trouvent devant leurs portes, eclairees par une lanterne, causant et jouant aux cartes avec des amis, car ils sont tous joueurs dans la ame. Lorsqua un