- Author:
- Neis, P.
- Publication Info:
-
Ithaca, NY:
Cornell University Library,
1888,
pg 416
Text on page 416
416
LE TOUR DU MONDE.
pluies tombaient deja en abondance; les fievres re-commencerent a sevir parmi nous. Suceessivement M. Bohin, puis M. Delenda, furent gravement atteints et durent quitter le Tonkin. Bien que na ayant plus rien a y faire, M. Dillon et moi nous fumes maintenus a Monkay.
De nombreux renseignements nous apprenaient que les Chinois arrivaient de tous cotes. Liu-Vinh-Phoc levait des troupes sur les frontieres, et les bruits da at-taques devenaient de plus en plus menagants. Les anciens habitants de Monkay et de Tenclave, qui avaient fui leurs demeures, faisaient des manifestations pres des commissaires chinois et agitaient toute la region. Cependant nous avions de fortes raisons de croire que,
tant que la commission chinoise resterait dans le pays, aucune attaque ne se produirait du cote de Monkay, et le seul moyen de retenir nos collogues sur la frontiere etait da y rester aussi. On nous donna done la ordre da attendre a Monkay la fin des negociations qui se poursuivaient a Pekin.
Ce ne fut qua a la fin de juin que la on nous releva de notre longue et penible faction, et que nous apprimes les decisions prises par le ministre de France a Pekin.
Les iles Gotow nous restaient, mais la enclave et le cap Paklung etaient retrocedes aux Chinois a titre de rectification de frontiere. De ce cote encore, quoiqua il nous fut bien penible de voir ceder cette region pour la-
Environs de Monkay. a Dessin da Eug. Burnand, da apres une photographie du lieutenant Hairon.
quelle nous avions tant combattu, nous na avions pas absolument perdu notre peine, puisque ca etait grace aux revendications soutenues par nous que la on avait pu faire de la cession de la enclave une transaction pour le traite de commerce.
Nos troupes devaient done evacuer le poste de Paklung et la enclave, et, les habitants rentrant chez eux et desor-mais chinois, la agitation allait cesser et notre presence devenait absolument inutile. Nous partimes le 26 juin pour Hanoi; nous emmenions avec nous le pere Grandpierre, que les services qua il avait rendus a la commission de delimitation avaient pu rendre suspect aux Chinois et dont la presence en ces temps troubles a Chouk-san offrait les plus grands dangers. La evSque de Canton lui avait done donne la ordre (Taller attendre
a Hong-kong que la apaisement se fit sur la frontiere.
Quelques jours apres, nous apprimes que M. Dillon etait nomme ministre plenipotentiaire et que Taborne-ment etait renvoye a des temps plus propices. Nous quittames le Tonkin, apres avoir obtenu du ministere la autorisation de revenir par TAmerique.
Je choisis pour ce retour une ligne qui venait de sa etablir dans le but de faire concurrence a celle de San Francisco. Je pris a Hong-kong mon billet pour le Havre en passant par le Canada, et, apres un interes-sant voyage, je debarquai au Havre le 25 juillet, juste deux ans apres notre depart de Marseille.
P. Neis.