- Author:
- Marche, Alfred
- Publication Info:
-
Ithaca, NY:
Cornell University Library,
1886,
pg 385
Text on page 385
LE TOUR DU MONDE. 385
Balabac (voy. p. 386). a a Dessin de Taylor, da apres un croquis.
LUgON ET PALAOUAN
(SIX ANNEES AUX PHILIPPINES),
PAR M. ALFRED MARCHE*.
TEXTE ET DESSINS INEDITS.
XV (suite).
Morsure da une vipere. a Trois juramentados assassins. a lie de Balabac. a Petit chevrotin.
Le 23 nous e'tions de retour a Puerto-Princesa. Je passai le mois de decembre a faire diverses excursions dans les environs. Tout le terrain qui horde la baie est has, marecageux et couvert de pale'tuviers; les mon-tagnes et terrains fermes se trouvent dans cette partie assez eloignee de la baie.
Un jour, revenant da une deces excursions, mon chasseur Mariano ma apportaitune jolie vipA re appelee dans le pays daum-palaye. La animal se tordait autour du baton auquel il dtait amarre. Tres satisfait de cette nouvelle piece, je ma empressai de la mettre dans la al-cool. Apres la avoir detachee, je pris la tete dans la main gauche et le corps dans la main droite. Mariano ouvrit le flacon en tole contenant la alcool, et je lui re-commandai de le refermer aussitdt.
Au moment ou je lachais le serpent, mon Indien, ayant peur qua il ne sa echappat, voulut fermer trop vite et ma attrapa avec le couvercle la main gauche, qua il precipita ainsi sur la droite : la vipere en profita pour me mordre; je lachai la animal dans la alcool; puis, ayant
1. Suite. a Voyez t. LI, p. 177, 193 et 209: t. LIL p. 369 LII. a W54* liv.
fait une incision a la endroit de la morsure, ja y versai quelques gouttes da acide phenique pur.
Mon chasseur, pendant ce temps, me rassurait a sa fagon : A Tu sais, Monsieur, qa, ca est mauvaise morsure: dans mon pays tous ceux qui sont mordus par le daum-palaye meurent au bout de deux heures. Tu sais, Monsieur, A a mauvais, il na y a pas de remede : au bout de deux heures on est mort. A
Que le lecteur ne croie pas que mon Mariano disait cela da une voix emue ou seulement agitee; non, tout cela etait dit tranquillement, avec indifference, comme si je na etais pas en cause. Apres ma etre panse', je lui dis qua il pouvait A tre tranquille, que je ne mourrais pas : puis ja allai me coucher pour etendre mon bras afin de ne pas accele'rer la circulation du sang, et je ma en-dormis.
Trois heures apres, ma etant reveille, je trouvai mes hommes dormant ou fumant; pas un na etait reparti en chasse, sa etant dit qua il etait inutile de sortir puis-que ja allais mourir. Mon chasseur Mariano, apres m avoir regarde, me dit : A Tu me donneras de cette medecine-la. a Pourquoi? lui dis-je. a Parce que
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