- Author:
- Marche, Alfred
- Publication Info:
-
Ithaca, NY:
Cornell University Library,
1886,
pg 199
Text on page 199
LUQON ET PALAOUAN.
La vieille tour de la cathe'drale sa est effondree sur une maison dont elle a coupe' un des angles; on aper-cevait encore hier soir la table sur laquelle etait dresse le couvert et autour de laquelle, cinq minutes plus tard, sept ou huit personnes allaient prendre place.
Les habitants, contrairement a ce que la on pourrait croire, ont la air allbgre et rejoui; tous sa abordent en se felicitant da avoir echappe a la catastrophe ; mSme les plus timores plaisantent.
On se raconte des histoires drdles. Ceux qui e'taient au bain lorsdela secousse, hommes et femmes, se sont sauves impudemment dans les rues en costumes supe-
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rieurement simples. Les Europeens du bord de la eau ont saute dans le Pasig, preferant la elenent perfide a Ja terre, pour le moment peu sure;.et justement ceux-la e'taient habilles de pied en cap.
On ne connait, me dit-on, qua une seule victime euro-peenne, un jeune Anglais : il avait reussi a sortir avant
1 ecroulement de sa maison; il se rappela que son per-roquet etait reste dans la salle qua il venait de quitter et il eut la malheureuse idee da aller le chercher. Mal lui en prit, car au meme instant il fut enseveli sous les decombres.
Meme cetts victime na en fut pas une; il ne mourut
Bazar de Lucon a Manille, apres le tremblement de terre. a Dessin de D Lancelot ,
. .Lancelot, d apres une photographie.
pas du coup, et deux mois apres je le vis a cheval, avec un bras de moins.
Mais si pas un Europe'en na a pe'ri, plus de cent Chinois ou Indiens ont dit adieu a la vie, et deux cents sont plus ou moins blesses. Tous mes amis ont repris contenance, excepte le docteur Parmentier; il ma avoue avoir de plus en plus pour des tremblements de terre. Ca est la un fait presque ge'neral : plus on eprouve de secousses, plus on redoute le phenomene.
La journe'e du 19 ne fut marquee que par de faibles secousses, et tout le monde se coucha tranquille.
Le 20, a sept heures du matin, nous prenions le cafe' quand la terre oscilla fortement.
auvons-naus! A crie quelqua un, et tout le monde se sauve. Au moment de fuir comme les autres, je vois . Warlomont p6re disparaitre. Groyant a un acci-ent, je reviens sur mes pas. M. Warlomont est paisi-blement blotti sous la table.
A Quand on croit na avoir pas le temps de sa elancer ors du logis, ou de descendre sous les voutes du rez-e-chausse'e, le plus sage, me dit-il, ca est de se cacher sous une table (elles sont tres solides ici), pour dviter les tuiles qui tombent du toit. A Ces courtes paroles a peine finies, la terre avait repris son aplomb, et nous, notre place a table. Dans 1a apr^s-midi du meme jour, j etais dans ma chambre au premier etage, avec deux