- Author:
- Veth, D. D. (Daniel David)
- Publication Info:
-
Ithaca, NY:
Cornell University Library,
1880,
pg 238
Text on page 238
238
LE TOUR
DU MONDE.
qua on rencontre dans la peninsule malaise et dans les Philippines. Onze peuples differents, parlant chacun leur langue a eux, habitent Tile principale ; dans les petites iles adjacentes on en trouve quatre autres. La plupart da entre eux sont relativement civilises; leurs habitations sont bien baties, la agriculture y est assez ddveloppee; ilssavent tisser les vetements et connais-sent la dcriture. Da autres sont presque absolument sauvages, au meme point de civilisation que les Dyaks de Borndo et les Jakuns de la peninsule malaise. Les plus importants et les plus civilisds de tous sont les Malais proprement dits, qui habitent le district mon-tagneux de Menanpkabo, au nord de Padang. On suppose que ce sont les restes des anciens conquerants de Tile; mais on sait fort peu de chose a leur sujet. Le district qua ils habitent est tres cultive et bien arrosd.
Vient ensuite, par ordre da importance, le sultanat
independant da Atchin, qui occupe la extremite nord de Sumatra, et egale a peu prfcs la Bavifcre en etendue. A son point le plus septentrional se trouve la capitale, Atchin; ca est une sorte de Venise asiatique; toutes les maisons en sont baties sur des pilotis enfonces dans le lit da une riviere qui coule dans la plaine entre deux rives boueuses. Les indigenes semblent etre des Malais du type le plus ancien; ils ont con-servd leur vieux langage dans presque toute sa purete. Mais tandis que chez les autres Malais on trouve sou-vent de beaux traits, les Atchinois, avec leurs voisins du sud les Bataks, sont une des races les plus af-freuses qua il soit possible da imaginer. Les Atchinois sont mahometans, nominalement du moins, car ils ne se sont jamais distinguds en persdcutant da autres religions. On peut se faire une id de de leur tolerance par ce dicton qui a cours chez leurs voisins : A Un Atclii-
Confluent du Batang Hari et du Tembesi (voy. p. 235). a Dessin de Taylor.
nois maudira un chretien, puis il Tinvitera a partager son pain et son sel. A Comme la plupart des Orientaux, ils trompent autant qua ils peuvent dans leurs transactions. Leurs metiers sont peu avancds, mais ils tis-sent finement la soie, et executent da une maniere re-marquable des filigranes da or et da argent.
Leur gouvernement est une monarchic hdreditaire et absolue; le roi a neanmoins au-dessus, a c6td et au-dessous de lui un grand nombre de fonctionnaires civils, qui portent souvent des titres extraordinaires. Les occupations principales des Atchinois consistent a se battre, a boire, a faire des paris, a fumer de la opium; ils ne les interrompent que pour vaquer de temps a, autre a la culture du poivre, du camphre, de la arec, ce qui leur procure de quoi satisfaire leurs gouts favoris. Ces plantes, qui reussissent admirable-ment, sont de la plus grande importance dans le commerce de TAsie. La civette est aussi un objet
utile et precieux; la culture en forme une branche da industrie toute spdciale.
Atchin avait autrefois une sorte de souverainete sur les iles de la Sonde; ca etait le plus formidable de ces Etats de pirates qui peuplaient alors Sumatra et dcumaient les mers avoisinantes; encore aujourda hui le Malais regarde la profession de pirate comme une carriere des plus honorables. Les Atchinois en avaient fait leur specialite, et ca est ce qui leur a attird la guerre avec les Hollandais. Tous les Atchinois sont soldats; chaque village a sa petite ar-mee, qui est obligee de se presenter equipde lorsque une guerre delate. Leur armure consiste en casques, plastrons, epees, arcs et fleches; ils ont une petite quantite de nouveaux fusils. Le territoire en importance des Etats de Sumatra est le troisikme de Palembang, dans le sud-est de la ile; il est habite par un peuple qua on croit issu da un melange de Malais et