- Author:
- Veth, D. D. (Daniel David)
- Publication Info:
-
Ithaca, NY:
Cornell University Library,
1880,
pg 208
Text on page 208
208
LE TOUR DU MONDE.
rencontramcs de plus fortes elevations du sol, et bientot, sur notre droite, les montagnes qui separent les provinces de Rawas et de Limoen se dresskrent a une grande hauteur.
A Loeboe-Maas, pauvre village de la rive droite, nous nous installames pour la nuit dans le balei, grande construction ouverte de trois cotds. Dix jeunes filles du village vinrent le soir nous souhaiter la bien-venuc et executer quelques danses; elles nous mon-trerent que, sous le rapport de la agilite, elles ne le cadent en rien a leurs sceurs bien fortunees. Les figures de ces danses different un peu de celles de Soeroelangoen.
La nuit nous pumes a peine fermer 1a ceil a cause de Fimmense quantity de petites mouches presque imperceptibles, appeldes agas, qui sa introduisaient a travers les mailles de nos moustiquaires en mousse-line et nous aiguillonnaient continuellement. Le re-sultat de cette nuit sans repos fut que nous ne par-times que tard le lendemain matin. La temperature etait trfcs chaude, et vers midi il se mit a pleuvoir, ce qui nous obligea, apres une trfcs courte journee de marche, a rester a Poelau-Kida. Nous nous installames chez le chef du village, qui nous abandonna la moitie de sa maison, en conservant 1a autre moitie pour lui et
Le Batang Rawas pres de Bingin-Telok (voy. p. 204 et 205). a Dessin de Th. Weber.
ses deux femmes; Tune dtait jeune, Fautre vieille, et elles paraissaient cependant vivre en bonne intelligence. Cette bigamie est une rarete dans la province de Rawas.
De la nous poursuivimes notre route le long de la rive droite de la riviere, tandis que nous faisions filer nos bagages en embarcation par la riviere.
Le chemin dtait bien different dc celui des deux jours precedents; il y avait bien moins de champs cultivds et, par contre, beaucoup plus de bois. Les collines dtaient plus elevdes et sc succddaient sans interruption. II fallait constamment monter et descendre des pentes a pic et parfois traverser en radeau des
ruisseaux cncaisses dans de profonds ravins. Les bois devenaient de plus en plus hauts et de plus en plus sauvages; les siamangsegayaient notre promenade de leurs chants, dont nous avons deja eu la oecasion de parler, au milieu desquels les oenkos, espand ce de singes a longue queue, faisaient entendre leurs notes aigues.
Outre plusieurs petits ruisseaux et rivieres, nous passames ce jour-la quelques grands affluents du Rawas, tels que le Koetoe, le Koewis et le Menkoe-lam, dont les rives sont toutes inhabitees.
D. D. Veth.
(La suite a la prochaine livraison.)