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Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, 1858-1861 Page 279

Author:
Mouhot, Henri
Publication Info:
Ithaca, NY: Cornell University Library, 1863, pg 279

Text on page 279

LE TOUR DU MONDE. 279 Un chef de village stieng. a Dessin de H. Rousseau da apres M. Mouhot analogue a celle dont Cayenne jouit parmi nous. Ces craintesne pouvaient ma ar-reter, et des que ja eus re$u duroi de Cambodge la lettre qua il ma a-vait promise, je quittai Piohalu dans une petite barque conduite par-deux rameurs, et me diri-geai vers le Mekong. En descendant le cours da eau qui y coniuit, large da a peu pres douze cents metres, je fus etonne de voir le flot remonter du sud au nord au lieu de descendre vers le fleuve dont il semble le tributaire. Pendant pres de cinq mois de la annee, le grand lac du Cambodge, le Touli-Sap, couvre un espace immense; mais apres ce temps il diminue de profondeur tout en conservant a peu de chose pres la meme dimension. A Tepoque des pluies, ce ne sont pas seule-ment les eaux, issues des montagnes qui le bordent k la ouest, qui le gonflent, mais le trop-plein du Mekong arrete la ecoulement du lac, et finit par y deverser une partie de son excedant. a Ton pere me devait; il ne ma a pas paye. a Je na ai jamais connu mon pere, il est mort avant ma naissance. a Veux-tu plaider? Nous plaiderons. A La homme en appelle a quelque mandarin, debute par offrir un present, lui en promet un autre; son proces est gagne, et la malheureuse, sans appui, devient la es-dave de son persecuteur. Cette antique histoire d'Ap-pius et de \ irginie se renouvelle frequemment au Cambodge. Les Yirginius seuls fontdefaut. Depuis que ja avais mis le pied dans ce pays, la peur sa etait emparee de mes domestiques, elle fut a son com-ble quand je leur annongai qua il fallait partir pour visiter les tribus sauvages des Stiengs, au delk du grand fleuve. Le Cambodge est certainement tres redoute des Siamois; les montagnes et surtout les forets habitees par les Stiengs ont, k cause de leur insalubrite, aupres des Cambodgiens et des Annamites, une reputation mon compatriote comme Frangais, mais comme enfant du meme d^partement : il est ne dans le cana on du Russey et moi dans celui de Montbeliard (Doubs). II avait done double titre a ma sympathie. II appartient a la mission de Cochinchine, et etait venu de chez les sauvages Stiengs pour renouveler ses provisions; mais il sa etait trouve atteint de la dyssenterie par suite de la fatigue du voyage, et na avait pu retourner a son poste avec ses gens. En entendant ces braves et devoues sol-dats de la Eglise raconter leur misere passeeet presente, ja etais quelquefois autant amuse qua emu, tant ils le fai-saient gaiement. Ca est le propre des enfants de notre vaillante nation de savoir soutfrir et mourir le sourire sur les levres. Quatre jours s'ecoulerent promptement dans Taimable compagnie de ces bons pretres, qui ne tenaient pas moins a me procurer Toccasion de voir leur eveque que moi k faire sa connaissance. Je savais que je trouverais en lui un homme superieur sous tous Jes rapports, mais je ne ma attendais pas a trouver dans ce heros des missions une simplicite et unehu-milite egales a son instruction et a la force de son caractere. Mgr Miche est tres-petit de taille mais sous une enveloppe chetive il concentre une vitalite et une energie extraordinaires. Les an nalesdelamissiondeCochinchine, qui etait la meme que celle du Cambodge il y a peu de temps encore, doivent compter de belles pages consacrees aux actes de ce glorieux soldat du Christ. N'etant encore que simple missionnaire, il fut emprisonne avec un de ses confreres et frappe de verges, affreux supplicequi kcha-que coup fait jaillir le sang et en-tame les chairs. La sentence execute, on les ramenait dans leur cachot afin de renouveler le supplice le lendemain lorsque les plaies com-menceraient a se cicatriser. A Cela fait horriblement souffrir, dit Tautre missionnaire a Mgr Miche, et je crains de na avoirpas la force de supporter une nouvelle epreuve. a Soyez tranquille, lui repondit celui-ci, je deman-derai a recevoir les coups pour vous. A Et il en fut comme il Tavait dit! Ici le missionnaire est tout pour ses pauvres catechis-tes, medecin de Tame et medecin du corps, juge, etc. Chaque jour, il passe plusieurs heures a entendre leurs differends et a remettre la paix la ou elle est troublee. Et elle Test souvent dans une contree ou un debiteur qui ne peut payer son creancier devient, lui et sa fa-mille, Tesclave de cet homme. A Tu es mon esclave, dit un individu a une jeune fille qua il rencontre par hasard. a Comment cela? je ne vous connais pas. XIV Depart de Pinhalu. a Le grand bazar du Cambodge. a a Penom-Penh. a Le fleuve Mekong. a La ile Ko Sutin. a Pemptielan.a Les confins du Cambodge. a Voyage a Brelum et dans la contree des sauvages Stiengs. Partis a onze heures de Pinhalu, k la nuit tombante nous etions rendus k Penomb-penh, le grand bazar du Cambodge. La distance qui separe les deux localites est de dix-huit milles au plus. Ja avais peu de choses a ache-ter, car Mgr Miche et M. Arnoux avaient absolument voulu charger ma barque da une provision de riz et de poisson sec suffisante, non-seulement pour toute la du-
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